Il fallait bien que toute cette tension sorte de mon corps… Un corps que j’abandonne parfois trop longtemps.
Devenir mère de famille était un choix, que je ne regrette pas bien entendu. En revanche, on ne nous informe pas de l’énergie qu’on dépense pour nos enfants.
Ce matin, j’ai fait une crise de nerfs : état d’agitation aigüe comme disent les médecins.
Le plus terrible est ce sentiment d’impuissance que je ressens face à mes enfants qui passent leur temps à se chamailler, à crier, à pleurer, à chouiner, à contester, à ne pas faire ce que je leur demande, qui disent « beurk! » quand je sers ce gratin que je me suis emm….bip… à concocter pour qu’ils mangent sainement…
Emmener les enfants à l’école, à la crèche, à la danse, au conservatoire, chez l’ophtalmo, le dentiste, le pneumo, … et encore s’oublier. Faire les lessives, ranger le linge de TOUT LE MONDE, préparer le dîner, former en parallèle la nouvelle nounou que je cherchais depuis mai, ranger la cuisine, laver les biberons, faire des étiquettes dans l’armoire des enfants pour que mari et nounou s’y retrouvent, en vain…, prendre rendez-vous enfin chez son ophtalmo parce que j’ai trouvé 5 min de libre, aux toilettes, changer les draps plein de pipi des enfants, laver les couettes, garder son calme quand quelqu’un te dit » Je ne comprends pas pourquoi tu es fatiguée… », et encore se perdre dans toutes ces activités souvent pas très glorieuses…
Je savais que j’allais craquer. Je l’avais dit à mon mari.
…Je n’ai pas été claire… Je n’ai pas parlé suffisamment fort… Je n’ai pas employé le bon mot… Je n’ai pas adapté ma communication à cet homme qui n’a pas vu cette crise arriver…
Et puis, du coup, on est seule face à ce grand vide qui nous envahit juste après…
Ben oui! Faut dire, elle est forte cette nana! Enceinte de jumelle, elle faisait du jardinage (15 sacs de terre transportés seule, avec un bide énorme!), elle défaisait des cartons dans sa nouvelle maison, montait des meubles ikéa… Et puis, elle est balaise cette fille : faire un BTS d’ortho-prothèse, le réussir en ayant eu un bébé entre les 2 ans d’études!
Et puis, elle est incroyable cette femme! Elle vient d’un milieu pauvre, dans tous les sens du terme, d’un village de Picardie et pourtant, aujourd’hui, elle est une parfaite bobo parisienne : je voulais m’élever, je croyais en un monde meilleur. (Je repense à ma mère cherchant 10 balles dans son porte monnaie pour acheter une tranche de jambon à ma soeur et moi… à la violence que j’ai vécu enfant…) Elle n’a besoin de personne!
Je suis une résiliente. C’est Boris Cyrulnik qui m’a fait découvrir ce concept. (et ma psy)
Mais parfois, la vie est au dessus de mes forces. Parfois, je n’ai pas eu le temps de recharger mes batteries.
Je vous jure que je fais tout pour que mon entourage ait tout ce qu’il faut pour être heureux. Sauf que personne ne remarque comme je suis une éponge et comme ma souffrance est grande après avoir emmagasiné les angoisses des autres, les doutes de mes beaux-enfants, leur mal-être parfois, le stress de ma grande face à ses amitiés violentes et conflictuelles, la tristesse de mon mari qui n’arrive pas à aider son fils, les angoisses des grands-parents de mes beaux-fils, et puis ma solitude, mon angoisse à moi, ma peur de ne pas réussir ma vie d’illustratrice qui n’est pas seulement un choix de métier, mais qui est aussi un choix vital, ma peur d’être violente avec mes enfants et avec moi-même, ma peur de mourir avant de me réaliser en tant que femme, …( Oui… Ne vous inquiétez pas, je suis suivie par un psychiatre et je vais mieux… et puis parfois, je replonge. Mais le résilient rebondit vite!)
Ce matin, j’ai craqué parce que je m’oublie trop.
J’oublie de m’écouter quand j’ai mal, quand je suis fatiguée, …
Alors aujourd’hui, j’ai passé la journée à ne rien faire parce que je sais que ce weekend, il faudra encore assurer avec les enfants. J’ai mis mon téléphone en silencieux et je dors.
Mon ami, aujourd’hui, est Mr. Lexomil.J’ai laissé la vaisselle sale dans l’évier de la cuisine et ça m’est égal. Je n’irai pas chercher les enfants. Mon mari s’y colle pour une fois. Je reste dans mon lit à écrire cet article salvateur.
Je ne veux voir personne. Sachez juste que demain, ça ira mieux.